On a parlé de la génération X. Puis de la génération Y. Et de la Z. Après, l’alphabet s’arrête !
Mais voici maintenant la génération G en train d’émerger, tranquillement mais surement.
G comme Gentillesse, comme Gratuité, comme Générosité.
Panorama de générations
Il y a quelques temps, le monde du management s’est rendu compte que 3 générations se côtoient dans les entreprises :
1/ les « baby-boomers » : nés entre 1945 et 1965, ils ont connu la croissance, le plein emploi, une sorte d’âge d’or du travail mais qui est allé peu à peu en s’amenuisant.
Nourrie avec les idées de progrès, de prospérité, de paix et de consommation, et élevée dans le respect de la hiérarchie et de certaines normes assez intangibles, ils ont faire effort pour s’adapter aux nouvelles règles : flexibilité du travail, rapport décomplexé à l’autorité, réactivité immédiate, travail en équipe, etc. Ils sont cependant reconnaissante à la génération Y de les initier au fonctionnement des TIC pour demeurer compétents dans un paysage en changement constant et rapide.
2/ la génération X : née entre 1965 et le milieu des années 80, elle a été marquée par la disponibilité de la pilule contraceptive puis par le sida, Tchernobyl, la fin de l’URSS, les chocs pétroliers et les innombrables progrès technologiques (passage du minitel à internet et aux TIC).
Elle a souvent une vision sceptique, pessimiste et cynique du monde, mais montre une grande exigence envers elle-même et s’accroche pour gravir les échelons. Marquée par la montée rapide du chômage et la difficulté à trouver un emploi à la hauteur de ses diplômes, elle est très souvent « hard worker » avec une vision du travail basée sur la méritocratie
3/ la génération Y : née entre 1980 et 1995, ayant grandi au rythme d’internet, des ordinateurs et de l’électronique portable, elle n’a pas connu le monde sans sida mais n’a pas connu non plus les menaces de la guerre froide et était suffisamment jeune lors de l’abandon des monnaies nationales pour y être attaché. Génération de l’appartenance européenne, de l’Espace Schengen, de la zone euro, de la mondialisation, des échanges Erasmus, de l’instantanéité mais aussi de la désillusion économique et de la précarité.
Refusant de sacrifier sa vie privée ou ses engagements sociaux, elle remet en cause les modèles existants et privilégie l’innovation et le culot. Biberonnée à Google, ayant un accès instantané à un nombre croissant d’outils et de services, elle attend de son manager la même réactivité que le Net. Se caractérise par les quatre « I » : Individualisme, Impatience, Interactivité et Interconnexion.
Et maintenant arrive une 4ème génération, la Z : née après 1995, ayant toujours connu les TIC et connectée en permanence, elle évolue au rythme effréné de la technologie mobile et du web social et ne conçoit pas une vie sans ordinateurs, GPS, portables, blogs, sites de partage, etc. Elle est en train d’aborder le monde du travail et se caractérise par les 4 C : Communication, Collaboration, Connexion et Créativité.
Le point G ?
Comme si ces classifications ne suffisaient pas, voici qu’apparait une toute nouvelle génération : la G.
G ? Et bien oui !
Et pourquoi donc ? Parce que, ici, G signifie avant tout Générosité. A la différence des autres, elle ne se définit pas sur des critères démographiques ou sociologiques mais par des valeurs qui lui sont propres et qu’elle fait vivre.
Elle se compose de personnes plutôt jeunes (mais des « anciens » en font aussi partie) dont les moteurs d’action et de satisfaction personnelle sont la générosité, le partage, l’échange, l’attention portée aux autres et l’écologie au sens large : étude et respect des êtres vivants, de tous les êtres vivants. Et ce « tous » est essentiel.
Ils sont arrivés par réaction à un modèle régulièrement dénoncé : consumérisme outrancier, cupidité, égoïsme, gaspillage de ressources, déséquilibres, défaitisme, cynismes, paupérisation, etc. Mais dénoncer ne suffit pas. Agir est mieux. C’est donc aussi une génération porteuse d’aspirations positives dans ses visions de l’avenir et dans ses comportements de citoyen responsable, attentive au bien collectif et à l’harmonie sur la planète.
Le statut social et la reconnaissance pour ce que l’on a importent peu. En revanche, ce qui compte, c’est d’être reconnu pour ce que l’on est et pour ce que l’on fait. Certes, ce n’est pas nouveau.
La nouveauté vient de l’ampleur du mouvement et des nouvelles habitudes qui s’installent en force, un peu partout.
La nouveauté vient d’une créativité débordante et enthousiaste, soutenue par un souci constant d’apporter une contribution positive.
La nouveauté, c’est la conscience qu’être le « sauveur du monde » est une utopie mais que l’effet boule de neige de milliers et millions de petites actions a du sens et constitue une réalité.
La nouveauté vient de l’importance donnée au don, au partage, à la collaboration, le tout associé à des besoins de contacts humain sincères, authentiques et véridiques.
Un changement de paradigme
Pour les générations antérieures, le savoir souvent s’accouple souvent au pouvoir : jalousement conservé pour asseoir son autorité ou sa supériorité. Sa distribution partielle se cantonne à un petit cercle « d’élites », selon le vieil adage « diviser pour mieux régner ».
Quand on s’est accoutumé à ce mode de fonctionnement, on le duplique en général dans ses autres domaines de vie. Rien de tel pour multiplier les non-dits, accroitre rancœurs et inégalités et scléroser une société.
Autre temps, autres mœurs ! La génération G décline dans la société civile les habitudes d’Internet : échange, gratuité, contribution à une communauté, participation à des projets écologiques, humanitaires ou sociaux etc. Le savoir est mis en ligne dès qu’il peut être utile à d’autres et servir une cause que l’on croit juste et bonne.
Chacun y a donc accès, instantanément, même à l’autre bout de la planète et gratuitement de surcroit. Immense encyclopédie à ciel ouvert, consultable par chacun et que chacun peut enrichir à son tour. Après la période du savoir individuel et secret, on entre dans « l’âge de la collaboration ». S’y ajoute un impératif : le développement durable.
On ne raisonne plus à l’échelon particulier mais à l’échelle de la planète.
On ne cherche plus un profit personnel et immédiat, on prend en compte le bien commun dans ses dimensions environnementales et sociales et on vise le long terme.
Cette habitude et cet impératif, mis ensemble, ont un impact économique puisque sont privilégiés le troc plus que l’achat/vente et le recyclage en opposition au couple consommation/gaspillage.
D’ailleurs, on privilégie les marques qui s’engagent réellement dans une cause reconnue comme positive ; le discours ne suffit pas, il faut des actes et on attend de plus en plus d’une entreprise qu’elle soit socialement responsable. A l’inverse, celles contribuant à une désagrégation de l’ensemble ou dont l’impact est considéré comme négatif sont dénoncées et font l’objet d’appels au boycott.
Un monde en mouvement
De tous temps, les générations anciennes avaient un regard critique sur les plus jeunes. Quand on s’inquiète du monde de demain, souvenons-nous de ce prêtre égyptien vers 2000 avant J.C. : « Les enfants n’écoutent plus leurs parents. La fin du monde ne peut pas être loin» écrivait
Ou de Socrate, quelques siècles plus tard : « Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge.» ». Même Hésiode, en 720 avant J.C : «Je n’ai plus aucun espoir pour l’avenir de notre pays, si la jeunesse d’aujourd’hui prend le commandement demain, parce que cette jeunesse est insupportable, sans retenue, simplement terrible».
Bref, à chaque fois, le même refrain : « c’était mieux avant ». Critique passive et négative. Alors, si on n’est pas d’accord, autant agir ! La jeunesse ne se résume pas à des dealers qui brulent des voitures après 23 heures quotidiennes passées sur des jeux videos violents !
En 1964, André Frossard publia un livre au titre évocateur : « Dieu existe, je l’ai rencontré ». En le paraphrasant, je pourrais affirmer aujourd’hui : La génération G existe, je l’ai rencontrée ! J’ai en effet eut le plaisir et la chance d’être convié fin janvier à une manifestation organisée par WE4 Community, l’un de ces nombreux mouvements qui se créent pour qu’un changement s’opère concrètement et ne demeure pas une attente vaine ou un espoir toujours repoussé.
Elle s’intitulait « WE4 Change » avec comme objectif avoué : Inspirer des jeunes à devenir entrepreneur du changement.
Sa particularité, par rapport aux colloques traditionnels, peut se résumer en 4 mots : spontanéité, créativité, curiosité et convivialité. Pas un slogan abstrait mais une réalité à laquelle chaque participant donne vie.
Pour synthétiser, je définirais son état d’esprit comme la fusion entre la phrase de Gandhi « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » et la morale du Colibri popularisée par Pierre Rabhi : que chacun fasse sa part à la hauteur de ce qu’il est et peut.
Des lendemains qui chantent ?
Quand je constate la qualité de l’énergie et de l’enthousiasme communicatif de ceux qui veulent être acteurs de la société à venir, eh bien, je ne me range pas du côté des pleureuses qui se lamentent que les choses soient différentes de ce qu’elles « devraient » être.
Quand on entend tous les défaitistes énoncer quotidiennement ce qui ne va pas en attendant que d’autres se mettent en mouvement, quel plaisir de rencontrer ceux dont le mot d’ordre est : agir ! Un agir collectif où chacun apporte sa pierre à l’édifice et met ses compétences et son excellence au service des autres. L’altruisme reprend enfin ses droits en s’appuyant sur deux principes fondamentaux : donner et partager.
Pas d’angélisme niais, bien sur, et la médaille aura toujours un côté sombre avec ses horreurs, massacres, destructions et abominations en tous genres. Mais que cela ne cache pas le côté lumineux de la médaille avec sa créativité, sons sens de l’entraide et de la contribution positive, sa débrouillardise, son enthousiasme et sa générosité !
Cette génération G va-elle enfin supplanter l’individualisme forcené du « Me, myself and I » ? Elle s’y prépare activement. Par exemple, un de leur slogan, magnifique : « Je suis un optimiste offensif ». C’est quand même mieux que le « Tous pourris » qu’on entend souvent, non ?
Alors, à ceux qui partagent et vivent ces qualités, je dis : bravo, foncez, allez-y !
Et surtout : Merci ! Merci de (re)prendre les rennes pour créer un monde différent.
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