Un précurseur en développement personnel
Quand on veut, on peut. Vraiment ?
Combien de fois n’a-t-on pas entendu cet adage. C’est que nous sommes les héritiers d’Emile Coué. Mais sans en avoir tout compris. Voyons ce qu’il nous a réellement dit.
Emile Coué obtient son diplôme de pharmacien en 1882. Brillant élève, il a 26 ans et a pris conscience de la puissance de l’écoute et de la bienveillance ; la capacité à guérir se développe si l’on est écouté et accueilli en tant que personne. En ce sens, il préfigure le thérapeute américain Carl Rogers.
La guérison est en outre facilitée si l’on y associe des paroles positives suggérant que l’on va effectivement guérir. Inversement, si on croit que « tout est foutu », le chemin de la guérison sera un peu (ou beaucoup) plus difficile.
Emile Coué n’hésitait pas à partager gratuitement ses découvertes et pensées. Son apport à la psychologie fut important et il était surnommé aux Etats Unis « Le marchand de bonheur ». Il décède en 1926 mais son étude sérieuse en France demeure encore tâtonnante bien qu’il soit le père de nos méthodes de développement personnel. En effet, on le caricature souvent en le réduisant à une banale pensée positive qui, à force d’être répétée, devrait finir par produire un effet même quand il y a contradiction entre cette pensée et la réalité. C’est un peu plus subtil que ça.
Emile Coué considère que savoir d’où vient le problème n’est pas une nécessité. Au contraire, si on le ressasse trop, on le fait perdurer. A l’instar de la plupart des thérapies brèves aujourd’hui, il préfère chercher « comment faire pour aller mieux » plutôt que se focaliser sur « pourquoi ça ne va pas », le second n’entrainant pas toujours le premier.
Dès 1902, il a étudié des techniques d’auto-suggestion consciente et d’hypnose. Il met au point une méthode qui s’avère très efficace et assure son succès et sa renommée. En 1922, il consigne ses réflexions et observations dans un ouvrage : «La maîtrise de soi même par l’autosuggestion consciente », traduit dans de nombreux pays.
Quand notre pensée crée notre réalité
Son premier postulat est : « Une pensée, bonne ou mauvaise, que nous avons en tête est pour nous la réalité, et a tendance à se réaliser ».
Nous réalisons ce que nous pensons. Notre pensée crée notre réalité. Quelques siècles auparavant, Marc Aurèle disait déjà : « Notre vie est ce que nos pensées en font ».
Il y a pour chacun d’entre nous, et à chaque instant, interaction entre nos pensées, nos comportements et l’une de nos 4 émotions de base (Joie, Colère, Peur et Tristesse)
Nos croyances génèrent nos comportements au travers de nos pensées et de nos émotions. Nos comportements, à leur tour, renforcent nos croyances.
Nous fonctionnons dans un processus d’auto-validation de nos croyances et, comme attirés par un aimant, nous rencontrons ou provoquons les situations qui les renforcent. Une chose devient ce que qu’on pense qu’elle est. Le postulat d’Emile Coué est essentiel pour saisir combien la qualité de nos pensées est déterminante sur le déroulement de notre vie.
Par exemple, la vie n’est ni difficile ni merveilleuse. Elle Est, tout simplement. C’est nous qui la colorons. Elle nous sera plus agréable si nous pensons qu’elle est merveilleuse plutôt que si nous nous répétons chaque matin qu’elle est difficile.
L’incroyable pouvoir de l’imagination
Emile Coué s’est intéressé à la puissance de l’imagination et considère que « quand il y a lutte entre l’imagination et la volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte sans aucune exception ».
L’imagination est une projection sur le futur. Si elle est actionnée par une émotion comme la peur, c’est très certainement à cette peur que l’on donnera raison. Par exemple : « Je voudrais bien faire ceci mais j’ai peur que…. ». C’est la fameuse « petite voix » qui nous susurre que l’on n’y arrivera pas …. .
On voit bien que le « quand on veut, on peut » ne tient pas si l’on n’a pas pris en compte ce que l’imagination met en place et donc, si l’on ne tient pas compte de la nature de l’émotion. C’est la raison pour laquelle les entraineurs sportifs, par exemple, font visualiser une réussite. L’imagination se met en route. On associe cette vision à une émotion forte et positive. Dès lors, il y a accord et non lutte entre l’imagination et la volonté
On voit également que le travail sur la croyance est déterminant pour modifier l’émotion et accorder ce que l’on imagine et ce que l’on veut. Car alors, nous assure Emile Coué, « lorsque la volonté et l’imagination sont en accord, elles font plus que s’ajouter, elles se multiplient ».
Quand vouloir et pouvoir se défient
Emile Coué a combattu ce vieil adage à la peau dure « quand on veut, on peut ». S’il était vrai, toutes nos difficultés ou presque disparaitraient !
« vouloir » et « pouvoir » ne vont pas toujours de pair car l’imagination prédomine sur ce que la volonté désire. Emile Coué pose alors un autre postulat selon lequel « l’imagination peut être conduite ».
Cette conduite se fait par le biais de l’autosuggestion, sorte d’auto-hypnose. En se répétant, à voix haute, une vingtaine de fois, notre objectif, nous parlons consciemment à notre inconscient. Nous modifions ainsi notre perception de ce qui peut arriver et nous remettons en accord imagination et volonté.
Nous connaissons tous sa phrase : « Tous les jours et à tous points de vue, je vais de mieux en mieux » Terriblement moquée, elle contient cependant une sacrée vérité. On a voulu en faire une phrase magique sans aucun aménagement, comme un « truc » qui marche tout le temps sans aucun effort et sans prise en compte du contexte. Considérée sous cet angle, forcément, ça ne marche pas !
Quand on affirme quelque chose, le point est de savoir si on ne continue pas de vivre – en conscience ou pas – une autre croyance située à son opposée. Par exemple, si j’affirme « Je veux que ma vie soit merveilleuse » mais que, dans le même temps, je conserve au fond de moi une croyance selon laquelle : « Je ne suis pas heureux », je me retrouve en désaccord entre imagination et volonté. Dans de cas, l’autosuggestion ne peut pas fonctionner.
Si je continue de croire que je ne suis pas heureux, je ne pourrai pas considérer, même en me le répétant, que ma vie est merveilleuse. C’est pour n’avoir pas saisi cette distinction que beaucoup moquent, aujourd’hui encore, les principes d’Emile Coué en oubliant qu’il a affirmé que « l’imagination peut être conduite » et donner alors les résultats espérés.
Comment faire pour que « ça marche » ?
De nombreuses expériences ont été faites pour démontrer la force des prédictions positives, le fameux effet placebo : encore une fois, ce que je crois crée ma réalité. On envoie une information spécifique à l’inconscient et il le traite à sa manière.
Il existe également son opposé, l’effet nocebo : la prédiction négative. On se persuade, en dehors de tout rapport avec le concret, qu’un évènement néfaste va intervenir. La puissance de cette crainte imaginaire est telle qu’il peut arriver que l’on aille directement vers cet évènement – et même qu’on le provoque – afin de mettre un terme à la peur que l’on éprouve. (et de donner raison à notre pensée)
Dans le même genre, on pourrait aussi évoquer l’effet Pygmalion (parfois appelé effet Rosenthal ou prophétie auto-réalisante)
Toutes ces expériences ont validé a posteriori ce qu’Emile Coué avait démontré : la force de l’imagination.
C’est pourquoi il estimait important de pouvoir la conduire. Sa phrase célèbre n’est donc nullement dénuée de sens. D’autant plus qu’il a préconisé de bâtir nos propres autosuggestions en fonction de ce que nous voulons à condition d’utiliser un protocole simple et bien déterminé.
D’abord, utiliser le « je ». C’est de moi dont il s’agit et en utilisant le « je », je me mets en action. Moi et non pas quelque chose d’indéfini et impersonnel.
Ensuite, utiliser le présent ou le futur immédiat. Ainsi, je renforce ma mise en action au lieu de demeurer dans un hypothétique et lointain avenir qui deviendrait conditionnel. Par exemple : « Je vais réussir » au lieu de « J’aimerais réussir ».
Par ailleurs, la formulation doit être positive. Cela signifie : dire ce que l’on veut et non ce que l’on ne veut pas. Par exemple : « Je veux réussir» et non « Je ne veux pas échouer ».
Et puis, quant à être précis, il faut dater et affiner l’objectif à atteindre : répondre à où, quand et comment est indispensable.
C’est ainsi que « je veux un jour faire ceci » va se traduire par « je vais faire ceci tel jour». La dynamique n’est plus la même !
Il est évident que toutes ces demandes se doivent d’être concrètement réalisables et dépendre de moi. Si je veux réaliser une chose techniquement ou physiquement impossible ou bien qui dépend de quelque chose (ou de quelqu’un) qui m’est totalement extérieur et sur lequel je n’ai aucune prise, alors aucune technique ni aucune méthode ne pourra me permettre d’accéder à mon objectif. C’est pour avoir omis ce point que la fameuse phrase d’Emile Coué a souvent été ridiculisée.
Mais pour les multiples objectifs qui émaillent nos vies, la méthode d’Emile Coué, simple et pertinente, est d’une très grande efficacité. Les Etats Unis l’ont vite compris. A nous aujourd’hui de nous réapproprier la méthode de ce pharmacien humaniste et d’en faire éclore les bienfaits.
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