Un livre splendide. On me l’avait offert quand j’avais 25 ans. A l’époque, je n’avais guère apprécié. Certes, la qualité du style était séduisante mais l’histoire d’un homme qui va mourir et se penchant sur ce qu’a été sa vie me paraissait contraire à la vitalité de la jeunesse. Je le relus 10 ans plus tard. Surprise et admiration : quelles richesses dans ces pages ! Depuis, je le relis tous les 5 ans et à chaque relecture, d’autres découvertes apparaissent. Je me surprends à avoir laissé de côté tel passage qui me parait désormais essentiel et avoir mis en exergue tel autre dont je me dis qu’il est bien dépassé. Comme un miroir de sa propre évolution.
Au Xème siècle, ce calife régnant sur le royaume andalou et ayant connu tous les honneurs, tous les plaisirs, toutes les richesses, s’interroge sur les épisodes les plus importants de son existence et constate que ses jours de bonheurs ont été finalement peu nombreux. Ses réflexions nous invitent à nous interroger sur nos choix de vie, à faire la part des choses entre des plaisirs de gloire, de pouvoir et de succès, bien éphémères et dont le prix est parfois élevé et une forme d’abandon lucide à soi et à l’autre qui procure une douce sérénité. Celui qui, aux yeux des autres, ne peut être qu’envié et admiré se retrouve en définitive bien désabusé. « Tandis que sur mon passage les foules s’écartent en silence, j’avance, sachant que je ne suis rien… » confesse-t-il.
Dominique Reznikoff a une belle plume : elle manie les mots avec grâce, légèreté et élégance. Bien qu’édité en 1979, ce livre qui reçut le Prix Roland Dorgelès est encore disponible et mérite d’être lu. Une très belle méditation sur le sens que nous voulons donner à nos vies.
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