Quel est donc ce besoin que nous pouvons parfois ressentir de nous élever, d’atteindre une dimension autre faite de paix, d’amour et de sérénité ?
Faut-il suivre absolument (ou aveuglement ?) les préceptes d’un Maître, d’un Prêtre, d’un Guru ou d’une personne quelconque ou décider de s’aventurer soi-même dans une recherche et une démarche qui nous paraissent être bonnes et justes ?
Il existe de multiples chemins ; certains sont des cul-de-sac, d’autres sont des révélations. Mais des chemins pour quoi ?
Plusieurs approches de la spiritualité
Nombreuses sont les définitions du mot « spiritualité. Souvent, elles varient selon le contexte. Elle désigne fréquemment un mouvement ascendant du monde sensible ou de la matière vers un monde supérieur ou de l’Esprit. En Occident, par exemple, on la rattache traditionnellement à la religion en tant que relation à Dieu. Elle peut ainsi se rapporter à tout un ensemble de croyances, organisées et codifiées, et mettant en avant le respect de dogmes et de rituels.
Dans une acception davantage tournée vers une dimension que l’on pourrait qualifier de philosophique ou psychologique, elle désigne ce qui est de l’ordre de l’esprit (reprenant son étymologie latine spiritus, esprit) pour une quête de sens qui peut être personnelle ou être partagée avec d’autres. Il arrive que des personnes se créent ainsi, dans un grand métissage de Traditions variées, une cadre éclectique de croyances diverses et font se cohabiter des pratiques disparates.
La spiritualité peut également être constituée de diverses « coutumes » qu’un groupe social (une population, une civilisation, …) a élaboré pour surmonter les épreuves de la vie, donner un sens à l’existence et « apprivoiser » diverses peurs dont celle de la mort. Souvent initiatique, elle peut aussi avoir pour fonction d’expliquer l’inexplicable et de conférer une valeur ou une signification à ce qui échappe à notre entendement humain.
Récemment, pour nombre de personnes, la spiritualité a acquis son autonomie en se distinguant du religieux, en devenant indépendante des dogmes et en privilégiant la reliance à soi et/ou à l’autre. Elle devient quasiment du développement personnel permettant de se connecter à son âme ou à son soi profond pour en découvrir une autre dimension et d’être dans plus grande proximité et une meilleure compréhension de cet autre. Elle agit alors comme une source d’énergie et permet d’accéder à quelque chose de lumineux.
Esquisse d’une définition
C’est dire si une définition est complexe ! Je prends ici le risque d’en donner une (qui sera sans doute incomplète et qui, très probablement, ne conviendra pas à tout le monde). La spiritualité, c’est ce qui concerne la vie spirituelle en opposition à ce qui ressort du matériel en considérant qu’il existe une réalité de l’esprit dont la nature n’est pas celle du corps. Celui-ci représente la réalité matérielle de la vie.
D’où l’existence d’une harmonie quand il ya un alignement entre le corps, le cœur et l’esprit. On pourrait presque avancer que le cœur, dans sa composante émotionnelle et affective, est ce qui permet une « jonction » entre l’un et l’autre.
Affinons la définition : la spiritualité représente un besoin de l’être humain de chercher une dimension supérieure à son existence. Supérieure car différente de la matérialité, comme une nécessité de s’élever pour accéder à une « réalité » qui est peut-être, aussi, non humaine. Elle a donc une double composante : elle est à la fois plus élevée et plus profonde.
Elle apparait comme un ressenti, comme une demande de l’âme, comme un besoin aux contours multiples : comprendre notre mission, comprendre ce que représente la vie (et la notre), se rapprocher de notre essence, se connecter aux autres et à l’Univers, au Grand Tout, découvrir une voie d’éveil et de croissance, développer ce qu’il y a de plus beau et de plus intime en chacun pour un plus grand épanouissement, se rapprocher de la Lumière pour la faire rayonner dans nos actes.
Une spiritualité en action
En ce sens, on voit que la spiritualité peut entièrement se séparer des religions et de leurs dogmes et rites. Il est vrai cependant que les réponses que chacun cherche se trouvent au fond de soi. On peut étudier, observer, se rapprocher de divers enseignements ou suivre diverses voies ; ce qui importe est que chacun puisse trouver ce qui lui permet de s’éveiller à ce qu’il considère comme essentiel, que chacun puisse trouver ce qui correspond à sa vérité
En revanche, comme j’ai eu l’occasion de le dire et comme Pierre Pradervand l’a mis en évidence[1], la spiritualité n’a de sens que si elle se décline dans notre quotidien et dans nos rapports aux autres. A défaut, elle n’est qu’une démarche égocentrée et stérile. (Nous pourrions à cet égard relire la parabole « Le Pharisien et le Publicain » dans l’Evangile de Luc.) A défaut, il y a risque de développer ce que l’on appelle « l’égo spirituel » et qui est une vision desséchante, limitante et renfermante de la spiritualité.
La spiritualité n’évolue qui si elle est dans une démarche de bienveillance ; elle va de pair avec l’ouverture du cœur et de soi. Elle s’accomplit donc grâce à ses deux composantes : verticale (aller de soi à plus grand que soi) et horizontale (aller de soi à l’autre).
Pour clore, je prends alors un autre « risque », celui de synthétiser encore plus : la spiritualité, c’est être à l’écoute de notre âme et de notre cœur.
[1] Voir mon ouvrage « Petit traité de sagesse bouddhiste à l’usage des occidentaux » – Xavier Cornette de Saint Cyr – Préface de Pierre Pradervand – Editions Jouvence (14 mars/2011) ainsi que « Vivre sa spiritualité au quotidien » – Pierre Pradervand – Editions Jouvence (31 août 2007)
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