Le premier des accords toltèques déclare : « Que votre parole soit impeccable » que nous pourrions traduire par : « Que votre parole soit respectueuse et bienveillante« . C’est là son sens essentiel.
Don Miguel Ruiz, l’auteur du livre « Les 4 accords toltèques » nous prévient d’emblée : « Le premier accord toltèque est le plus important et aussi le plus difficile à honorer ». Pourquoi ? Parce que la parole est le principal véhicule que nous utilisons pour exprimer ce que nous pensons. Elle est la base de nos interactions avec les autres : en nous permettant de communiquer, elle nous permet d’entrer en relation avec nos semblables.
Les problèmes commencent donc lorsque notre message n’est pas correctement transmis et reçu, ce qui arrive bien plus souvent que nous n’en avons conscience, même par écrit. Les problèmes existent également quand nous nous parlons négativement. Parfois, nous n’accepterions pas que quel qu’un nous parle comme nous nous parlons à nous-même !
Un message aux multiples sens
Comprenons déjà qu’un mot n’est pas seulement un son. Il a d’abord un sens : qu’est-ce qu’il veut dire ? Et surtout : qu’est-ce qu’il veut dire pour moi, pour toi, pour lui, pour elle, pour eux ? Demandez à votre entourage de définir les mots « amour », « liberté », « Dieu », « bonheur », « intelligence ». Vous allez vite constater que tout le monde ne comprend pas les mêmes mots de la même manière !
Par ailleurs, un mot englobe bien souvent une dimension affective, émotionnelle, qui diffère d’un individu à l’autre : il nous suggère une image, une idée, parfois un souvenir particulier, un événement de notre passé, une personne que nous avons appréciée ou qui nous a maltraités, etc. Entendus ou prononcés, ces mots-là sont chargés d’un vécu personnel ou d’une interprétation particulière, connus de nous seuls. Il peut ainsi nous arriver de blesser une personne sans aucune intention malveillante car nous ignorions que tel mot ou telle expression avait telle résonance affective.
Un pouvoir créateur
Les mots ont en outre un grand pouvoir dont nous n’avons pas toujours conscience : celui de créer une réalité. Ce pouvoir opère également avec ce que nous nous disons à nous-mêmes. Quand nous nous répétons : « La vie est difficile », « Mon métier n’a aucun intérêt », « Je ne suis pas capable de… », chaque fois toujours plus, nous allons avec la force de l’habitude nous convaincre que c’est vrai. Comme des sortes de mantra qui créent ainsi des croyances. Puis, nos comportements se calquent dessus et leur donnent réalité. Ainsi, au premier événement « négatif » qui survient (ou que nous vivons de manière négative), nous l’interprétons aussitôt en accord avec nos croyances : « Je l’avais bien dit que la vie est difficile ou que je n’étais pas capable de ceci ou de cela ! ». En auto-validant ainsi notre croyance, nous créons une réalité simplement à partir des mots que nous avons employés. C’est dire leur pouvoir !
Une parole impeccable
Les croyances qui découlent de nos mots sont tellement puissantes qu’après les avoir auto-validés un certain nombre de fois, elles s’ancrent au plus profond de nous et deviennent difficiles à déloger. Si elles sont négatives, elles vont à l’encontre de notre développement et de notre bien-être. Nous leur avons donné le pouvoir de nous empêcher d’évoluer ou d’être nous-mêmes.
Mais, heureusement, ce processus fonctionne tout aussi bien dans l’autre sens : nous pouvons nous répéter avec la même conviction que notre vie est agréable, que notre métier nous apporte des satisfactions, que nous sommes capable de faire ceci et de réaliser cela, etc. Dès lors que c’est réaliste et que nous percevons ces paroles avec notre mental et avec nos « tripes », nous restaurons notre mieux-être. Il faut juste être attentif à distinguer la pensée positive qui regarde aussi ce qui va bien de la pensée magique qui refuse d’accepter ce qui ne va pas.
La façon que nous avons de nous exprimer possède donc un pouvoir que nous avons la responsabilité de maîtriser pour en user avec bienveillance et que notre parole demeure impeccable (du latin impeccabilis, « qui ne commet pas de faute », et, par extension, « qui ne faillit pas », « parfait », « correct »), c’est-à-dire qu’elle ne doit pas « commettre de faute », ne pas faire de mal, ne pas nuire, ne pas blesser, ni dans son intention, ni dans son expression.
Une parole pour se respecter soi-même
Ce premier accord est donc une invitation à respecter l’autre par sa parole, à tendre à l’élever plutôt qu’à le rabaisser. Mais pour cela, il faut d’abord le faire avec soi-même. Cela exclut donc les pensées ou propos désobligeants que nous avons sur nous. Tous les « Je suis nul », « Je ne saurai jamais », « Je n’ai pas telle qualité », « Je n’arrive à rien de bien », etc. nous esquintent et distillent leur poison. Non seulement nous souffrons d’être ce que nous croyons être, mais peu à peu, à force de ne pas s’apprécier, il devient difficile de supporter son environnement et lentement, on finit par en vouloir aux autres, à tous les autres. Bref, rien ne va jamais et l’on souffre d’un isolement que l’on a soi-même créé.
Chaque fois que nous avons une parole négative envers nous-même :
- Nous générons une émotion également négative ;
- Nous forgeons et renforçons une croyance sur le peu de valeur que nous nous supposons avoir ;
- Nous nous persuadons de la « réalité négative » de notre parole ;
- Nous blessons (et parfois détruisons) notre estime de nous et notre confiance en nous.
Bien sûr, il peut nous arriver de pester contre nous-même. C’est normal, c’est humain. Mais lorsque ces critiques envers soi sont récurrentes, nous tombons peu à peu soit dans un cynisme noir (« Je ne vaux rien et les autres pas davantage »), soit dans un mal-être qui ne prend jamais fin ; nous voilà constamment « le moral dans les chaussettes », râlant en permanence et passant peut-être (sûrement) à côté de notre vie et des autres. Que de conséquences négatives pour de « simples » mots, n’est-ce pas ?
À l’inverse, lorsque nous nous respectons en harmonie avec qui nous sommes, alors nous pouvons nous ouvrir aux autres, les respecter, les estimer et les accepter pour ce qu’ils sont.
Oscar Wilde le résumait ainsi : « S’aimer soi-même est le début d’une histoire d’amour qui durera toute une vie. »
Notre parole est impeccable quand elle n’est dirigée ni contre soi ni contre les autres. Elle devient alors créatrice d’harmonie.
Pour en découvrir davantage et une étude plus approfondie, voir Xavier Cornette de Saint Cyr « Les accords toltèques au quotidien », Ed. LEDUC.S, 2017
Publier une Réponse
Votre adresse email reste confidentielle.