Prendre soin de soi recouvre infiniment d’actions et « techniques ». Le sourire en fait partie. Il est d’une grande importance dans nos relations avec les autres… et avec nous-mêmes.
Comment se porte le sourire ?
« Le sourire se porte été comme hiver ; tout devient gris quand on le perd » chantait Salvatore Adamo : il illumine autant le visage qui l’exprime que la personne à qui il s’adresse.
C’est une expression qui tend des muscles aux deux coins de la bouche et autour des yeux. Dans un sourire, ce sont 17 muscles qui travaillent ensemble et simultanément. Ce qu’exprime le sourire est le plus souvent le plaisir, le contentement, la joie l’amusement mais il lui arrive également de désigner l’ironie.
Le psychologue américain Paul Ekman, l’un des pionniers à étudier les émotions dans leurs relations aux expressions faciales, en a souligné le rôle social. Il a donné une explication fondée sur les micro-expressions du visage où il distingue deux types de sourires : le vrai, involontaire, qu’il nomme aussi sourire de Duchenne et le faux, volontaire qu’il nomme également sourire social ou sourire Pan American.
Pourquoi « sourire de Duchenne » ? Un siècle auparavant, vers 1850, le neurologiste Duchenne de Boulogne réalisa des expériences sur l’expression faciale de l’émotion et nota que la différence entre un vrai sourire et un sourire forcé réside dans la contraction non seulement du zygomatique mais aussi d’un muscle situé autour des yeux : l’orbicularis oculi.
Vers 1980, Paul Ekman confirma ces résultats : nous serions quasiment incapable de contracter volontairement cet orbicularis oculi et en tout cas, pas de chaque côté au même moment. Dans le sourire volontaire ou forcé, seul le zygomatique serait contracté. La perception de cette micro-expression permet de savoir si la personne est dans la sincérité ou la façade.
Les empreintes culturelles importent, même dans le sourire. En effet, si le sourire volontaire est également nommé sourire social ou sourire Pan American, c’est qu’aux Etats-Unis, il doit montrer aussi bien les dents du haut que celles du bas. Il suffit de regarder certaines affiches de publicité ou des photos de « stars » pour s’en apercevoir.
Dans la culture européenne, française entre autres, ce type de sourire est perçu comme factice car trop appuyé. Il donne l’impression d’une publicité pour dentifrice et est reçu comme non sincère. Pour un américain lambda, le sourire d’un français, plus mesuré, apparaîtrait probablement comme gêné, emprunté, et ne témoignant donc pas de sentiment ou d’émotion suffisants. La micro-expression dont parle Ekman a toute son importance, bien que perçue inconsciemment. Car, en plus du sourire en tant que tel, il y a tout ce qui l’accompagne et que nos « capteurs » détectent : attitude globale, posture, regard, pertinence du geste dans la communication, etc.
Les bienfaits du sourire
Pour reprendre la chanson de Salvatore Adamo, « Le sourire ne coûte que le plaisir de l’offrir» et c’est bien là que se trouve sa puissance. Dans le même ordre d’idée, l’écrivain et journaliste Raoul Follereau (connu aujourd’hui en France pour la fondation qui porte son nom afin de lutter contre la lèpre et la pauvreté) écrivait : « Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup. Il enrichit celui que le reçoit, sans appauvrir celui qui le donne ».
Ces mots sont essentiels : en souriant à l’Autre, nous lui faisons un cadeau. Cadeau d’un instant mais qui enrichit aussi celui qui donne. Quand on ne sait plus sourire, on entre alors en grande pauvreté, témoin d’une souffrance et il est nécessaire d’en recevoir pour réapprendre. Un vieux proverbe chinois l’exprime parfaitement : « Nul n’a plus besoin d’un sourire que celui qui n’en a plus à offrir ». Donner un sourire à quelqu’un qui l’a perdu, c’est faire preuve d’une belle générosité et dont la valeur vient de ce qu’il se donne.
Cultiver son propre bien-être demande aussi de développer celui des autres. Le sourire en est la première pierre sur laquelle s’échafaude notre contentement. Il est une joie offerte ; offrir cette joie n’est possible que si on l’éprouve soi même et plus on en donne, plus elle s’accroit. Mère Teresa disait avec infiniment de justesse : « Nous ne saurons jamais tout le bien qu’un simple sourire peut être capable de faire»
Dans son Journal, Jules Renard notait cette jolie phrase : « Rides, des sourires gravés». Dans une époque où les crèmes anti-rides sont constamment vantées, n’oublions pas que beaucoup de celles parsemant un visage sont la trace des sourires d’autrefois ; ce sont les plus belles.
Il est si simple et agréable d’adresser un sourire quand on dit bonjour, quand on remercie, quand on demande quelque chose, quand on quitte quelqu’un. En relation professionnelle ou amicale, dans un magasin, au restaurant ou un transport en commun, il est le sésame qui ouvre bien des portes. Même au téléphone, effectué avec sincérité, il « s’entend » et influe légèrement mais positivement la tonalité de la voix.
Il favorise les relations, à telle enseigne que spontanément, nous allons bien plus facilement vers une personne souriante que vers celles qui sont renfrognées. Et les personnes sincèrement souriantes sont réellement beaucoup plus belles et séduisantes.
Une dernière citation pour achever ces quelques lignes sur le sourire et ses bienfaits. Elle est de l’Abbé Pierre et son énoncé même prête déjà à sourire : « Un sourire coûte moins cher que l’électricité, mais donne autant de lumière. ».
S’il y a des exercices de musculation quotidien à effectuer, ce sont ceux qui favorisent les zygomatiques et l’orbicularis oculi !
Rien n’est plus triste qu’un visage qui ne sait plus sourire.
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