Un livre lourd mais remarquable et puissant. L’auteur se livre à une auto analyse glaciale, sans fard ni détour (ni complaisance non plus). Je l’ai rangé dans la rubrique « Littérature » mais il pourrait aussi bien être dans « Psychologie » ou même « Philosophie ».
Très succinctement, Fritz Zorn décrit comment son éducation particulièrement austère de la bonne bourgeoisie zurichoise l’a progressivement amené vers un cancer dont il sait qu’il va en mourir très prochainement. Le regard qu’il porte sur lui-même, ses névroses, ses limites et sur son environnement, en particulier sa famille avec ses codes, ses principes et son renfermement, est un regard noir et implacable, détaché de tout. Il démontre avec une terrible lucidité comment il a été « éduqué à mort » en se soumettant à une vie absurde, aux antipodes de tout hédonisme. Cet « enfant bien élevé » meurt à 32 ans d’avoir été tellement « sage »…
Ce qui se dégage de cet ouvrage, c’est que passer à côté de sa vie, c’est-à-dire nier ses besoins, ses plaisirs et ses émotions ne peut que conduire à la mort. A nier le corps, on le détruit.
Sa maladie est un miroir : il peut y voir ce que sa vie aurait pu être si son éducation ne l’avait pas formaté dans la peur de tout et dans l’évitement absolu de tout conflit, quel qu’il soit. En quelque sorte, on peut même dire que sa maladie mortelle (et peu importe d’ailleurs qu’il s’agisse d’un cancer) le fait naitre en lui ouvrant les yeux sur ce qu’il aurait du ne pas faire, en le délivrant de son passé et de son existence privée d’amour, de joie et de vie. Mais en ouvrant ainsi les yeux, il est déjà trop tard et il ne peut dès lors que les refermer pour toujours.
A ce titre, ce livre est à lire, comme une leçon de vie ou de mort, la frontière entre les deux étant parfois si indécise. Il ne peut laisser indifférent et nous montre que certaines voies qui nous sont proposées sont en réalité des impasses. A nous donc de choisir celle que l’on désire emprunter pour accomplir sa vie
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